Entretien avec Yoichi Iida

« La tâche la plus urgente est de rassembler un large éventail de bonnes pratiques et d’expériences en matière d’IA ».

Yoichi Iida, Directeur de la recherche internationale et de la coordination des politiques au ministère japonais de l’Intérieur et des Communications (MIC-Japon), revient sur les réalisations du PMIA et évoque les perspectives.

Comment le Partenariat mondial sur l’intelligence artificielle (PMIA) peut-il utiliser son statut d’organisation internationale pour jouer un rôle majeur dans le développement d’une IA responsable ?

Le PMIA a été lancé par des pays partageant les mêmes valeurs démocratiques. Sa mission est de promouvoir le développement et l’utilisation d’une intelligence artificielle responsable basée sur les principes de l’OCDE en matière d’IA et de conduire à une société de l’IA démocratique mondiale. La mise en pratique des principes de l’IA de haut niveau approuvés en 2019 a constitué une avancée importante pour l’ensemble de la communauté mondiale. Les travaux menés dans le cadre des projets du PMIA devraient jouer un rôle de premier plan dans la promotion des bonnes pratiques et la fourniture d’études de cas pour mettre en œuvre les principes de l’IA. L’un des rôles fondamentaux du PMIA est de promouvoir le développement et l’utilisation d’une IA responsable par le biais d’un dialogue ascendant et d’activités impliquant de multiples parties prenantes, afin d’atteindre des niveaux réels de diversité et d’inclusion dans la communauté mondiale. Le fait de refléter les différents points de vue de l’ensemble des parties prenantes est essentiel pour que le PMIA reste garant du développement d’une IA responsable.

Que pensez-vous des réalisations du PMIA et des groupes de travail à l’issue de cette première année ?

Si l’on considère les 18 mois qui se sont écoulés depuis son lancement, le PMIA a fait des progrès significatifs dans la mise en plage de sa gouvernance interne grâce à une approche multipartite. Ainsi, nous apprécions grandement les efforts importants déployés par les présidences en exercice et à venir du Canada et de la France, ainsi que par d’autres instances, pour mettre en place le processus de prise de décision dans l’organisation à part entière du PMIA. Ces efforts ont vocation à créer une synergie entre les orientations générales présentées par le Conseil, et les projets individuels menés par les Groupes de travail avec leurs objectifs spécifiques. Le fait que le PMIA ait accueilli de nombreux nouveaux pays membres est une excellente nouvelle. À cet égard, des discussions intensives ont eu lieu sur les exigences et les critères d’adhésion et il était crucial que le processus d’évaluation soit défini précisément. Il va sans dire que les projets individuels ont abouti à de grandes réalisations. Nous apprécions les efforts des Groupes de travail pour sélectionner les projets prioritaires dans les différentes thématiques, et aboutir à certains résultats ou progrès intermédiaires, comme la plateforme d’observation de l’IA sur le lieu de travail, la réponse immédiate aux pandémies alimentée par l’IA, le guide d’initiation à la propriété intellectuelle, etc. Nous sommes parfaitement conscients que la recherche et les analyses prennent souvent beaucoup de temps, et espérons que d’autres développements auront lieu dans les années à venir.

Quels sont, selon vous, les défis à relever pour l’année 2022 ?

Si nous nous félicitons de l’adhésion de nombreux nouveaux pays, nous nous attendons également à voir émerger des défis potentiels pour trouver un juste équilibre entre une expansion rapide et une gouvernance solide et efficace de l’ensemble de l’organisation. Nous soutenons pleinement l’importance d’accroître l’inclusivité avec une plus grande participation des pays du Sud. Nous pensons que cet objectif pourrait être atteint en travaillant conjointement avec d’autres organisations et initiatives hors PMIA. Le Japon serait heureux d’y contribuer. La fragilité de la base financière du PMIA peut susciter des inquiétudes. C’est un nouvel acteur à un stade précoce de son développement, il est donc essentiel d’améliorer sa visibilité.

Quels sujets votre pays souhaiterait-il voir abordés dans les futurs projets des Groupes de travail ?

La tâche la plus urgente est de rassembler les bonnes pratiques et les études de cas, réussies ou non, qui aident les gouvernements, les entreprises, les citoyens et toutes les autres parties prenantes à apprendre et à appliquer concrètement les enseignements qui en émanent. De ce point de vue, tous les projets du PMIA doivent être informatifs et fournir des orientations sous forme d’objectifs pratiques et de méthodologies concrètes. Ainsi, nous pensons que tous les projets seront utiles aux parties prenantes, quels que soient les sujets ou les thèmes abordés.

Qu’attendez-vous du Sommet de Paris ?

Il s’agit du premier sommet annuel après une année complète d’activité de tous les groupes de travail et autres structures. Nous sommes impatients d’écouter les rapports des Groupes de travail et de découvrir comment l’IA responsable s’est développée durant cette période. Nous attendons beaucoup de la façon dont le Canada et la France délivreront conjointement leurs messages en tant que pays fondateurs. Il est très important pour le PMIA de présenter un message intégré à sa communauté multipartite en combinant le concept de haut niveau du Conseil et les objectifs des projets des Groupes de travail. Nous insistons particulièrement sur la nécessité pour les pays démocratiques de défendre l’importance croissante de la réalisation d’une société de l’intelligence artificielle centrée sur l’humain et basée sur des valeurs partagées, ainsi que de promouvoir l’approche multipartite.

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