Entretien avec Renaud Vedel

« Pour réussir, le PMIA devra conserver son esprit start-up »

Renaud Vedel, Co-Président du Comité Directeur du PMIA (Incoming Co-Chair of the GPAI Steering Committee), fait le bilan du 2ème sommet du Partenariat Mondial sur l’Intelligence Artificielle et présente ses futurs développements.

Quels sont les éléments positifs que vous retenez de ce sommet 2021 du PMIA ?

C’est la première année où les experts du PMIA présentent des réalisations car l’an dernier, il s’agissait essentiellement de problématiser des thématiques. Cette fois, nous avons des productions, des recommandations et des analyses qui doivent se poursuivre et être approfondies en 2022. Pour la première fois, le PMIA permet de faire émerger un savoir collectif. Cela pose ce sommet à Paris comme le point d’acmé de l’activité des experts qui travaillent bénévolement toute l’année. Il est intéressant aussi de noter la diversité des méthodes adoptées par les Groupe d’experts. Les uns ont fait l’état de l’art de tel ou tel domaine. Les autres ont présenté un plan d’action comme celui relatif à l’IA et la lutte contre le changement climatique. D’autres encore ont proposé des outils et des ressources pour le débat public international, par exemple le répertoire des initiatives en matière de Futur du Travail ou le guide pratique pour les PME et la propriété intellectuelle. Enfin, certains ont avancé des idées sur la puissance transformative de l’IA pour mettre en partage les valeurs d’équité, de transparence et d’inclusivité. 

Quels sont selon vous les objectifs principaux pour 2022 qui se sont dégagés ?

Après une première « saison » de lancement, cette deuxième « saison » doit pour réussir absolument conserver son esprit « start-up ». Le PMIA devra prendre garde à ne pas s’engluer dans l’institutionnalisation et demeurer à la fois une initiative ancrée autour de participants multipartites avec une expertise IA, et une interface avec les décideurs publics au sein des États membres. Il faut maintenant que le travail des experts soit largement diffusé. Il a vocation à alimenter le débat public. Il est important pour cela de privilégier une approche par partenariats afin d’accroître les réalisations et de gagner en notoriété.

Quel message souhaitez-vous adresser au Japon, nouvel Incoming Chair du PMIA ?

D’abord, je lui adresserais bien sûr un message de bienvenue. C’est la première fois que trois continents sont représentés à la direction collégiale du PMIA. Cette troïka fonctionne selon le principe du consensus et permet une continuité dans les approches et les réalisations. 

Quelles actions pensez-vous mener en 2022 pour permettre l’émergence de nouvelles thématiques pour le PMIA ?

Le programme de travail pour 2022, validé par le Conseil du PMIA, va au-delà des dix projets en cours. Trois nouveaux sujets ont en effet été identifiés par les experts et adoptés. Le premier porte sur les technologies de calcul qui peuvent permettre de protéger la vie privée. Ces technologies complexes sont encore émergentes. Il s’agit par exemple du

calcul multipartite sécurisé (secure multi-party computation) ou de la confidentialité différentielle (differential privacy). La recherche va très vite et le PMIA se doit d’être là pour éclairer les gouvernements sur la maturité des technologies et les conditions de leurs usages. Le deuxième sujet porte sur l’IA et l’innovation dans le secteur agricole notamment en matière de conversion agro-écologique. Les pratiques dans ce domaine sont essentielles pour la préservation de la biodiversité et la baisse de l’empreinte carbone humaine. L’IA peut permettre de diminuer l’utilisation des phytosanitaires, des engrais mais aussi de l’eau. Enfin, le troisième sujet concerne un réseau virtuel de laboratoires vivants permettant l’expérimentation sur le travail du futur. L’idée est d’utiliser l’IA pour changer le travail, pas seulement dans un but de productivité ou d’un point de vue purement économique mais aussi en vue d’améliorer les conditions de travail. 

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