L’IA au service de la découverte de nouveaux médicaments

Un groupe d’experts du GPAI propose une feuille de route pour encourager l’innovation et le secteur public à soutenir la recherche là où le marché ne parvient pas à résoudre des problèmes urgents.

Dans quelle mesure les ressources de l’IA permettent-elles de découvrir de nouveaux médicaments ? C’est la mission qui a été confiée à l’équipe d’experts du GPAI (AI and pandemic response working group) co-présidée par Alice Ho, professeur d’informatique à l’Advanced Institute of Science and Technology en Corée du Sud. La conclusion est plutôt rassurante : l’étendue du potentiel de l’IA est immense. Non seulement cette technologie peut découvrir de nouvelles catégories de médicaments efficaces mais elle peut aussi permettre la conception de thérapies intelligentes et ciblées. Grâce à l’importance de ses ressources, l’IA a aussi le potentiel d’améliorer considérablement la rapidité et le coût de réalisation des essais cliniques, et d’approfondir la compréhension de la science fondamentale qui sous-tend la mécanique des médicaments et des maladies.

Un écosystème inadapté

Or l’écosystème actuel, selon les experts, ne permet pas à l’intelligence artificielle d’exploiter tout son potentiel. En cause : un manque d’investissements financiers dans des domaines où la R&D ne suffit pas à l’image des données et des sciences ouvertes (data and open science), capables d’alimenter des algorithmes d’IA plus puissants et plus consommateurs de données.  
Au-delà du manque de fonds, les experts appellent aussi à une transformation culturelle de l’université et de l’industrie, sommées de s’ouvrir aux données ouvertes dans leurs recherches sur la découverte et le développement de médicaments. « Ce changement catalysera la recherche dans des domaines à fort impact social, comme la lutte contre les maladies rares et le développement de nouvelles solutions antibiotiques pour faire face aux menaces de résistance aux médicaments », estime ainsi le rapport.

Le besoin d’incitation et de soutien publics

Reste que le succès de cette transformation ne pourra s’opérer qu’à la faveur d’une politique de soutien volontariste de la part des gouvernements.  Le groupe d’experts du GPAI recommande ainsi aux pouvoirs publics d’investir dans la recherche universitaire multidisciplinaire dans le domaine de la découverte de médicaments pilotée par l’IA. « Certaines subventions devraient être spécifiquement destinées à financer la construction d’ensembles de données ouvertes de haute qualité, ainsi que des collaborations interdisciplinaires permettant de développer et de tester des algorithmes d’IA pour des tâches présentant un intérêt particulier pour la santé publique, comme celle de nouveaux antimicrobiens » estiment les experts.


Le soutien des gouvernements est aussi appelé à développer la connaissance de l’IA à chaque étage de l’écosystème et à mettre l’accent sur l’accès à des programmes de formation de qualité et sur le développement d’outils et de ressources pour faciliter l’adoption de l’IA. Les recommandations du groupe de travail préconisent également la création de programmes d’achats d’innovations : ces programmes permettraient ainsi de stimuler et d’encourager les biotechs, les laboratoires pharmaceutiques et les centres de recherche publique à passer le cap des prototypes universitaires pour se lancer dans des développements de médicaments à l’échelle industrielle. Autant de préconisations qui feront l’objet de discussions nourries lors du sommet du GPAI 2021.

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